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Glaciers - Mouillages - Faune


Notre route dans la baie cet été

Notre route dans Prince William Sound

Cet été dans le soundPatago 50 en navigation dans le sound    Entre mi-Juillet 2003 et fin Septembre 2003, nous allons passer presque deux mois à explorer la baie. Il y a de nombreux mouillages et la baie fait 100 miles de long et 100 miles de large avec des paysages bien différents selon le côté vers lequel on se tourne. Incluant la ville de Valdez, toute la partie Nord est remplie de fjords très profonds se terminant pour la plupart par des glaciers alimentés par la neige des hautes montagnes. On trouve à l'Ouest le village de Whittier, distant de 62 miles de la ville d'Anchorage. L'Ouest est très granitique, et les glaciers glissent sur les façades lisses des montagnes. Le Sud regroupe des îles, inhabitées pour une grande partie, avec cependant beaucoup de faune aquatique et terrestre. L'Est comprend, outre le village de Cordova, un immense delta formé par la Copper River qui doit son nom à la présence de mines de cuivre découvertes en amont de son delta et exploitées à partir de 1890. Les oiseaux y sont présents avec de nombreuses espèces migratoires, ainsi que des castors, des élans, des loups et une quantité incroyable d'aigles pygargue et bien sûr, les ours noirs et bruns.


Baie de SawmillPremiers lancers     Notre première escale est pour la baie bien abritée de Sawmill, juste à la sortie de la baie de Valdez. Il y a déjà au mouillage quatre bateaux. Pas de voilier. Ce sont des trawlers : bateau à moteur qui se déplacent à vitesse moyenne de 10 noeuds. Tous les propriétaires sont en train de nettoyer du poisson sur la plateforme arrière. La pêche leur a été favorable. Nous sommes bredouilles pour l'instant. Il est vrai qu'il faut respecter quelques règles pour attraper les saumons : déjà, avoir le bon leurre bien installé sur la bonne longueur de ligne, puis la vitesse du bateau ne doit pas dépasser 2 noeuds. C'est très lent 2 noeuds surtout quand on est pressé d'arriver au mouillage et de découvrir les paysages. Quelquefois, une petite brise bienvenue nous fait envoyer le foc et nous allons à la bonne vitesse. Mais cela ne suffit pas toujours la preuve : notre seau à poisson se lamente d'être encore vide. Mais bon, il fait un soleil magnifique et nous sommes en tee-shirt sur le pont à fêter l'arrivée de Chantal et Bernard. On garde espoir. Le lendemain, nous partons en exploration dans la baie en annexe. Il y a une rivière avec beaucoup de mouvements de poissons. Optimiste, j'avais emporté la canne à pêche. Dés les premières tentatives, cela mord... Nous ramenons pour le dîner un saumon et deux autres poissons de roche. Le saumon est de l'espèce saumon rose (Pink salmon) aussi nommé Humpies (qui veut dire bossu) car lors de son passage en eau douce, il lui apparaît une bosse sur le dos. Voir informations sur les saumons à la page : Les Saumons

JADE HARBOR  JADE HARBOR

    Le second mouillage est pour l'anse de Jade Harbor. Situé à l'est de Heather Bay, le mouillage est très bien abrité des growlers (vêlés par Columbia Glacier) par Heather Island faisant barrage. Sous un beau soleil, nous mouillons l'ancre par 4m de fond dans l'eau qui semble refléter la couleur des arbres environnants. En fait, ce sont les algues du fond qui donnent par transparence cette couleur de jade ou d'émeraude à l'eau. D'ailleurs, l'anse voisine s'appelle Esmerald Cove !!!

Lac dans les environs de Jade HarborCrotte d'ours     Sur la colline adjacente, nous faisons une ballade pour atteindre un petit lac sur les hauteurs. Nous traversons une forêt d'arbres plusieurs fois centenaires. Le sol est recouvert d'un tapis spongieux appelé le "muskeg", sorte de mousse très dense qui reste imbibée d'eau et ne s'écrase pas sous le pied. Heureusement, nous sommes chaussés de bottes, pas forcément les meilleures chaussures pour la marche mais sûrement les plus efficaces contre l'humidité. Sur le chemin du retour, là où nous sommes passés un moment plus tôt, on découvre un "bear sign" tout frais ou autrement dit une crotte d'ours. Bon, nous voici prévenu : les ours aiment se balader aussi, et surtout ils aiment fréquenter les buissons de myrtilles qui font partie, avec les saumons, de leur alimentation principale. Nous aimons tout autant les saumons que les myrtilles, on devrait se croiser... Chantal et Bernard n'auront pas l'occasion d'apercevoir un de ces mammifères que ce soit de près ou de loin. Dommage, une prochaine fois, j'espère.

Chantal et Bernard devant Columbia Glacier  Bernard dirige l'annexe  Patago 50 dans le brash ice


  Sauvage et Patago 50 devant Columbia Glacier Chantal surveille la glace Patago 50 dans les glaçons

Bel iceberg   Patago 50 dans le champ de glace

Champ de glace dans la baie devant Columbia Glacier On approche  Par contre, le spectacle des growlers (petits icebergs) tout autour du bateau nous aura bien marqué. Car le lendemain, nous quittons Jade Harbor pour voir le glacier Columbia. C'est le glacier le plus grand et le plus célèbre dans toute la baie. Il a amorcé depuis plus de trente ans un retrait ; entre 1982 et 1997, il a reculé de 6 miles créant ainsi une grande baie d'une profondeur moyenne de 900 pieds, et très souvent encombrée d'icebergs de toutes tailles.  Malgré la volonté du capitaine d'aller au plus près, nous ne pourrons pas approcher de son front car c'est un "champ" très dense de growlers qui nous attend. Au loin, la façade du glacier fait plusieurs centaines de mètres de large.

Jean-François manoeuvre finementLe déplacement du glacier et l'effet d'érosion par l'eau de mer sur sa façade sous-marine font que quelques fois des morceaux énormes de glace se détachent de la paroi se trouvant sous l'eau. L'iceberg émerge alors à la surface de l'eau en provoquant une vague en rapport avec la masse de glace déplacée. C'est en cela qu'il est très dangereux de "raser" les fronts de certains glaciers, non seulement il faut surveiller la façade dont quelques pans peuvent s'écrouler mais encore surveiller le fond de l'eau d'où peut surgir un énorme iceberg. Nous restons donc très éloignés de toute cette activité  et on se contentera de pousser doucement de l'étrave quelques growlers. En s'approchant, ils nous semblent petits mais en fait ils se révèlent suffisamment gros pour stopper le bateau.

Il faut se rappeler que la densité de la glace se situe entre 0,77 et 0,99 selon sa qualité.
Un iceberg contient entre 1 et 10% d'air, par conséquent quand il flotte, la partie immergée représente environ entre 80 et 88% du volume total.  Il existe une classification des "glaçons" selon leur taille. Tout d'abord le "brash ice"  c'est une accumulation de glaçons flottants composés de fragments de diamètre inférieur à 1,80m ; puis vient le "growler",  il est de couleur verdâtre,  de diamètre supérieur à 1,80m, mais ne dépassant pas 1m du dessus du niveau de l'eau de mer ; le "bergy bits" un grand morceau de glace flottante, dépassant entre
1m et 4,50m de la surface de l'eau, environ de la taille d'une petite maison ; puis en dernier l' "iceberg" : très grande pièce de glace qui dépasse les 4,50m au-dessus du niveau de la mer. Jean-François prend un grand plaisir à manoeuvrer entre les growlers. Mais restons vigilants : un growler devient instable en fondant et peut se retourner sous la poussée de l'étrave ou simplement avec le sillage d'un bateau de pêche.

Le soleil encore au rendez-vous donne à cette journée un éclat incroyable.

   Iceberg Iceberg Iceberg Iceberg Iceberg

Iceberg Iceberg Tabulaire

Tabulaire Iceberg  Iceberg Iceberg

Brash Ice Couleur verte Découpe en forme d'aigle et de chien Iceberg Champ dense

Quelques modèles d'icebergs.

Growler growler Patago au milieu du champ

Quelques uns de growlers.

Mouillage de Long Bay     Le temps maussade menace et dès que l'ancre a touché le fond de l'eau dans Long Bay, il a commencé à pleuvoir. Patago 50 n'est pas encore équipé d'un chauffage, ni de moquette pour isoler du froid venant des planchers. L'humidité renforce l'impression de froid. Les soupes, les cafés chauds et même le rhum des Antilles sous la forme de ti'punch parviennent tout juste à nous réchauffer. Le mieux  encore est de sortir sous la pluie taquiner le saumon.

Ilot    Ilot    Ilot

                                                                                     Ilots de Long Bay.

Front de Shoup Glacier Moraine de côté    Après deux jours à Long Bay, nous prenons le chemin du retour. Nous faisons escale à Shoup Bay située à l'entrée de la baie de Valdez Bay. L'ancre plonge dans l'eau couleur bleu laiteux. Elle vient tout droit de la rivière sous le Shoup Glacier. Quelques growlers dérivent doucement dans la baie et viennent frôler la chaîne et la coque. Nous attrapons les plus petits morceaux de glace pour l'apéritif ! La géographie de cet endroit est intéressante. Avec les années, le glacier a fondu et s'est retiré vers le fond de la vallée en créant deux baies qui se suivent. La première baie est délimitée à marée basse par un seuil de 2m, formé par la moraine frontale du glacier. La température de l'eau est très froide et frise les 2°C. Dans le bateau, nous arrivons à atteindre péniblement les 15°C avec l'aide du four où cuit le pain. La deuxième baie est presque complètement fermée par une deuxième moraine frontale. Il y a juste un petit goulet qui permet l'accès à la 2ème baie et au front du glacier. A l'étal de pleine mer, nous nous engageons tous les 4, en annexe. Mais le courant sortant est encore trop fort, et Jean-François nous dépose sur le côté et s'engageant seul, réussit à passer. De notre côté, nous rejoignons par la terre le bord de l'eau de la deuxième baie. Nous croisons un couple de kayakistes venus camper. Très bien équipés, ils ont une tente pour dormir et une autre pour la cambuse avec un petit poêle à bois, on aperçoit d'ailleurs la cheminée émergeant du toit de toile... On découvre aussi les boites métalliques spécialement étudiées pour y enfermer la nourriture : ceci afin de ne pas attirer les ours. Jean-François nous attend déjà, on embarque et à petite allure on se dirige vers le fond de la vallée. On commence par longer un îlot recouvert à 100 % de nids d'oiseaux essentiellement de mouettes, criantes, hurlantes, jacassantes, bref bruyantes. Et pourtant on fait un long détour. Il y a au pied de l'îlot apparemment un groupe de chercheurs, photographes, scientifiques, avec micros, appareils photo et calepins. On comprend mieux l'affolement des mouettes....

Ilot aux oiseaux Front de Shoup Glacier Rivière du glacier

     Au détour de l'îlot, on découvre le glacier. Epoustouflant. La baie est couverte de "brash ice" aiguisée que nous évitons de toucher avec l'annexe (c'est une gonflable... et l'eau est froide...). Approcher en annexe un glacier, c'est quelque chose. Chantal d'ailleurs émettra quelques suggestions d'éloignement au capitaine qui n'avait pas l'oreille attentive ce jour-là.  Bizarre.

    On réveille un couple de phoques ou d'otaries (je n'ai pas pu voir les oreilles, signes distinctifs) qui plongent du tabulaire où ils étaient endormis. Jean-François échoue l'annexe sur la plage près de la rivière qui coule de dessous du glacier. On entend les craquements de la glace... Pas le moment de s'approcher trop près.

     Déjà, Chantal et Bernard doivent repartir vers la France, tout émerveillés encore par les paysages du Prince William Sound. On se retrouve seuls à bord, cela nous fait toujours bizarre.

Sterne, au mouillage devant Valdez     De suite, de retour à Valdez, on commande un chauffage : un Dickinson, le modèle Antartic. Jean-François l'installe, pendant que je taille dans des chutes de moquette de quoi isoler les planchers et ainsi tenter de limiter le froid qui s'obstine à remonter des fonds du bateau. Ca ne rigole plus, à la fin de la journée, il fait 20°C dans le bateau. Il reste au programme le double vitrage des hublots par un plexi plus fin, et condamner provisoirement les capots ouvrants par de la mousse d'isolation. Nous sommes encore en juillet !!!
Comment seront les mois d'hiver ???

Le premier saumon     En attendant les premiers frimas, nous partons de conserve avec Didier et Sophie et les enfants en exploration dans la baie. Nous faisons la route au moteur car en été, la baie n'est que très peu ventée. En sortant de la baie de Valdez, par brouillard  et bancs de brume, nous plongeons la ligne de traîne, élaborée sur les conseils de Nino  : ça marche ! Merci Nino ! Jean-François se bagarre avec un saumon qui s'est pris à la ligne. On l'a remonté et dans la jupe, il se défend comme un diable, mais Jean-François fait mieux comme diable et finalement le saumon finit dans notre seau à poisson. Enfin, un premier saumon  de 56 cm. Le soir, on retrouve avec plaisir Sauvage, mouillé dans Jade Harbor.


Growler échoués à marée basse sur la moraine

     Après une balade à terre, puis sur la moraine du côté de Columbia Glacier voir les growlers échoués sur la berge, on reprend la route et un soleil magnifique sur un ciel nuageux, nous permet de faire de belles photos des deux voiliers dans le champ de glace. Puis route vers Long Bay. Quelle surprise de voir passer en fin d'après-midi une maman ours noir et son petit ourson  le long de la berge, distante de 20m du Patago au mouillage (Mais, où avons-nous mis l'appareil photo ? Ah le voilà, mince, ils sont trop loin maintenant)  Puis plus en avant dans le fond de la vallée, vers la prairie, un gros ours noir viendra brouter. Observation prudente à la jumelle. On quitte le lendemain matin Long Bay avec de la brume accrochée aux cimes des arbres et sous la pluie. Un passage de la baie est exposé à la houle du Sud mais toujours pas de vent. Que le chauffage est agréable dans ces conditions humides et fraîches ! Nous arrivons à Esther Passage, chenal étroit rejoignant Port Wells, bordé de deux coteaux abrupts recouverts de conifères. Nous allons mouiller dans Cascade Cove, c'est un petit décrochement dans la côte où débouchent de très nombreuses rivières. Un tour à terre pour aller cueillir quelques "salmonberries", sorte de grosses mures oranges ou rouges, et retour au bateau pour pêcher quelques poissons de roche, délicieux dans la soupe.

SAUVAGE WATERFALL
CASCADE   LOUTRES

Le jour se lève très tôt, et nous faisons route vers Harriman Fjord. Dans la journée, nous passerons devant 4 glaciers. Le premier que nous apercevons est le Glacier Cascade, dans le fond de Barry Arm. Comme l'indique bien son nom, il dévale de très haut la montagne et de loin on dirait une énorme cascade d'eau. Se faisant chauffer au soleil de juillet, plusieurs loutres de mer s'étalent sur des growlers tabulaires. Certaines ont des petits qu'elles transportent sur le ventre.

Patago devant Barry glacierPatago devant Barry  Glacier    Toujours au moteur, on avance jusqu'à frôler de l'étrave Barry Glacier situé entre Cascade et Coxe Glacier. On entend la glace "craquer"... Je monte dans l'annexe et prend un peu de recul pour photographier Patago devant la façade du Glacier. C'est très impressionnant. On entend un claquement comme une explosion et un petit pan de glace tombe dans l'eau. Craignant une vague gigantesque, je m'éloigne rapidement du brash ice un peu trop aiguisé à mon goût et à celui de l'annexe... et attend Jean-François dans les eaux libres. La chute ne provoque que quelques remous mais j'entends les glaçons qui s'entrechoquent. Je collecte avec l'épuisette quelques gros morceaux de glace pour la glacière.

Devant Barry Glacier

Patago 50 devant Barry Glacier

Montagne d'où dévale Serpentine Glacier Glace recouverte de gravas    Puis on se dirige vers une petite baie très bien abritée : Serpentine Cove. Il y a un seuil à l'entrée de la baie que nous franchissons à marée haute. Un glacier recouvert de gravas et de sable noir dévale la montagne jusqu'à notre mouillage. Le bleu de la glace n'en parait que plus profond. En plus de la rivière provenant de la fonte du glacier, il y a une autre rivière qui se jette dans l'anse et sur ses berges on aperçoit quelques traces d'ours.  Il règne un calme et un silence merveilleux. Nous entendons tout juste les rivières et les quelques mouettes et goélands toujours présents. Le soleil est fort et nous sommes en tee-shirt sur le pont. Mais dés que le soir approche et que le soleil disparaît derrière les montagnes, le froid apporté par les glaciers tout proches se fait ressentir.



Rivière sous glacier Serpentine Rivière à côté Un oiseau parmi la végétation !

Rivières et végétation dans Serpentine Cove.

Aiguilles de Surprise GlacierSurprise Glacier, arrivée     La nuit se passe très calmement et au matin, sous les bancs de brume qui se lèvent dés que le soleil revient, nous levons l'ancre pour Harriman Fjord et son glacier qui barre tout le fond de la vallée. Petit arrêt devant Surprise Glacier qui présente des aiguilles très effilées à son sommet. Même opération que précédemment, je pars en annexe pendant que Jean-François longe la façade à petite allure. Il n'y a que très peu de brash ice, c'est plus rassurant pour moi. Devant la façade, il y a 90 m de profondeur...   

 




Patago devant Surprise Glacier     Surprise Glacier

Aiguilles de Surprise Glacier

Glacier HarrimanHarriman fjord

     Après la séance photo devant Surprise Glacier on se dirige vers le fond de la vallée pour se retrouver face au Harriman Glacier. Il en occupe toute la largeur et sa particularité est que nous avons accès à pied sur la moraine frontale. Le paysage sur les hauteurs est absolument magnifique et la vue récompense les efforts d'escalade. Nous passons la nuit au mouillage au pied du glacier à écouter les "détonations" de la glace en mouvement et les frottements des growlers le long de la coque. Des rafales de vent dévalent parfois le glacier et rafraîchissent sérieusement l'air. L'eau est toujours très froide et n'invite pas au bain.


La moraine Sylvie sur la moraine Jean-François et Sylvie devant Harriman Glacier

Sur la moraine frontale de Harriman Glacier.

Cascade

Cascade d'eau douce et très fraîche

Dauphin de DallMouillage de Curloss Bay     Enfin, une petite brise nous permet de hisser les voiles lors de la navigation entre Harriman Glacier et le mouillage de Curloss Island. Nous croisons beaucoup de bateaux de pêche en pleine activité accompagnés par de gros bateaux collecteurs. Les dauphins de Dall toujours aussi rapides dansent autour de l'étrave. Nous entrons dans Curloss Bay et mouillons par 10m de fond. Grâce à Didier et Sophie, nous découvrons une ancienne mine d'or désaffectée, ainsi que de nombreux vestiges tels que chariot et rails, restes de machine à casser la roche. Nous avons emporté des torches pour explorer le tunnel de la mine. Il s'enfonce horizontalement dans la roche puis vers le haut comme une cheminée. Plutôt claustrophobe, je ne m'avance que très peu à l'intérieur du couloir, et m'arrête dès que je ne vois plus l'ouverture derrière moi. J'aperçois au plafond la veine de quartz qui a contenu les cristaux d'or. Didier nous dit que plus en avant dans le tunnel, des restes de vieux étais et planches nous montrent comment les mineurs avaient accès à cette veine qu'ils exploitèrent verticalement. A l'entrée de la mine, à l'aide de nos marteaux nous cassons des cailloux avec l'espoir de trouver LA pépite... Mais seulement quelques milligrammes de cristaux seront découverts et encore beaucoup ne sont que simplement de la pyrite, aussi appelée l'or des fous ? Il faut voir comment on se prend facilement au jeu, et je comprends mieux maintenant l'acharnement des orpailleurs qui passaient leur vie entière à gratter la terre et les cailloux au début du siècle. Le lendemain matin au réveil, un ours noir traverse la plage... La même plage où nous avons débarqué la veille.

PHOQUES OURS

Ancien chariot    Machine à casser des cailloux

Chariot et machine à casser les cailloux pour l'extraction de l'or

Esther Passage    

Nous voici déjà mi-août et nous n'avons pas encore décidé de notre lieu d'hivernage. Sur la carte, il y a trois villages principaux dans toute la baie : Valdez, Whittier et Cordova. Valdez ne nous attire pas plus que cela. Trop touristique avec une quantité impressionnante de mobile home. Pas de contact avec la population lors de nos différents séjours, sauf avec Catherine et Ron présentés par Didier et Sophie. De plus, pendant l'hiver il tombe à Valdez beaucoup de neige. Sommes-nous prêts à déblayer parfois deux fois dans la nuit le pont du bateau ??? Whittier n'a pas eu les suffrages espérés. Toutes les personnes, dont l'avis sur ce village fut sollicité, nous ont déconseillé de passer l'hiver là-bas. Il n'y a rien. C'est une ancienne base militaire avec deux grandes tours. A part la proximité d'Anchorage, le village ne présente pas d'intérêt. Reste donc à visiter Cordova. Nous décidons de quitter provisoirement Sauvage et son équipage pour aller voir ce que nous réserve l'est de la baie.


CORDOVA Loutre de mer dans le port    A l'entrée du port, une loutre nous observe. Dès notre arrivée, nous nous sentons à l'aise.  Le village a beaucoup de points communs avec Kodiak. C'est un joli village de pêcheurs et dans le port, les rares voiliers et quelques house boat avoisinent les bateaux de pêche. La pleine saison de la pêche au saumon rend tout le monde très actif. Les bateaux entrent et sortent du port, déchargent leur cargaison dans les conserveries. Notre entrée dans le port est remarquée et Dolorès et Matthew, rejoints par Ken Adams, père de Matthew, attrapent nos amarres. La visite du petit village est rapide, mais nous tombons aussitôt sous le charme. John, le mari de Dolorès nous emmène dans un bâtiment rénové qui est le Forest Service. C'était l'ancienne poste avant le tremblement de terre de 1964. Nous y trouvons des informations sur tous les sentiers aux alentours de Cordova, le Delta de la Copper River, la pêche au saumon, et la piste de ski équipé d'un téléphérique, le plus vieux des Etats Unis. Les tarifs de la place du port sont satisfaisants. Pour un bateau de 15 m comme Patago, la place est à 1050$ pour un an, incluant l'eau. L'électricité est desservie par la compagnie électrique locale, qui facture à la consommation. A la fin de la première journée, la décision est prise, c'est à Cordova que nous passerons l'hiver. Il reste encore de beaux jours avant de désarmer le Patago, nous repartons donc en exploration dans la baie.

Loutre de mer

Pêche pour les bocaux Saumon d'argent de 74 cm   

Le 20 août, les pêcheurs annoncent l'arrivée du Saumon d'Argent qui remontent en masse les rivières. Maintenant, bien équipés, nous attrapons chaque jour notre quota de saumons et préparons les conserves pour l'hiver. Nous rencontrons Claude et Dominique, un couple de français voyageant sur un catamaran, que nous avions "loupé" de peu à Hawaii et naviguerons un moment ensemble dans la baie. Leur projet est d'aller hiverner dans Inside Passage au Sud-est de l'Alaska. Tous les jours, le saumon est au menu, on ne s'en lasse pas. Cru, en papillote, en gratin, à la poêle, toutes les recettes sont essayées. Les promenades à terre sont l'occasion aussi de ramener des myrtilles pour les confitures ou les tartes. Je ferai aussi des conserves pour varier les desserts cet hiver.


Myrtilles

Traces de pas d'ours Prairies

  






Des herbes très hautes (1,50m) comme des épis bordent les rivières à saumon, et nous cachent la visibilité. Sur de larges zones, les herbes sont couchées, les ours et loutres se roulent dedans tout en dégustant les saumons. Nous faisons toujours beaucoup de bruit afin de ne pas surprendre un ours en plein repas. Nous verrons des traces de patte d'ours dans la vase d'une rivière. Ce devait être un gros spécimen. Un peu en hauteur, les prairies environnantes sont un vrai régal, la végétation est clairsemée et on se déplace sans difficulté. Nous notons les changements de couleur des feuilles et du muskeg qui tournent au roux, tandis que nous avançons dans le mois de septembre. En pleine transformation, les saumons luttent contre le courant pour remonter les rivières peu profondes et sont si nombreux qu'ils se touchent et forment une barrière mouvante en travers du cours d'eau. Par contre, le spectacle est effarant de voir les saumons  échoués en aval de la rivière, morts après avoir frayé. L'odeur de décomposition est très forte.

Galena Bay, les saumons remontent la rivière  Galena Bay, spectacle impressionnant de saumons  

Mouillage devant Ellamar

    


Nous passons une journée à Ellamar, petit regroupement de maisons près de Tatitlek village. La plage est couleur rouille, nous trouvons à demi caché par la végétation une énorme machine à vapeur qui a servi lors de l'exploitation de la mine de cuivre entre 1898 et 1929. Puis, il y eu une conserverie dans les années 30 à 40. Maintenant les seules maisons sont parfois habitées à l'année et plus souvent des maisons secondaires.




Ancienne machine à vapeur     Ancienne machine à vapeur

Mouillage de Landlocked Bay

Foret à flanc de montagne   Landlocked Bay est un mouillage bien protégé, avec cependant de bonnes rafales de vent qui descendent des montagnes encerclant complètement la baie. Dans le fond de la baie, il y a une grande prairie avec deux rivières à saumons, on pourrait bien voir un ours, c'est le terrain idéal. Nous mouillons à proximité d'une cascade dans 2 m d'eau, à marée basse. Sur notre guide, il y a des anciennes mines de cuivre désaffectées. Nous partons avec Claude et Dominique en exploration, et escaladons le flanc de la montagne à leur recherche en contournant de grands arbres bien rectilignes. Les cailloux extraits de la mine était ramenés vers le bord de mer par des chariots et un câble. Les cailloux peu riches en minerai étaient rejetés et déversés sur le flanc de la montagne créant de longues traînées blanches dans la végétation jusqu'à la mer. Ces rochers nous aideront à localiser l'entrée de la mine. Une autre mine prés de la cascade était un puits creusé dans le sol, il était comblé à notre passage, mais l'herbe toute couchée aux alentours, nous indique que le coin est visité par les gros ours.  Au matin, nous apercevons un ours noir sur la prairie...

Entrée d'une ancienne mine de cuivre  Goulet d'accés au mouillage de Hole in the Wall  Prairies environnantes

Mouillage de Hole in the Wall accessible par un goulet étroit et peu profond.

Sur les hauteurs de Nelly Juan Mouillage de Derickson Bay    La partie ouest de la baie que nous visitons est le Glacier Nelly Juan et l'île Knight. Dans un environnement granitique, on retrouve les mêmes prairies, parsemées de petits lacs. C'est un vrai plaisir que d'aller s'y promener. Les myrtilles font ployer les branches des buissons. Le mouillage où nous passons plusieurs jours s'appelle Derickson Bay, une toute petite anse bien protégée prés du Glacier Nelly Juan. La couleur de l'eau est bleu vert. C'est l'un des plus beaux mouillages que l'on ait vu.  Nous serons rejoints par deux trawlers et un voilier... finlandais. Les voiliers à se promener dans la baie sont vraiment peu nombreux. Nous retrouverons ce voilier et son sympathique équipage à Cordova où ils hiverneront aussi. La végétation vire maintenant au marron, et les feuillus deviennent non feuillus !! Le froid commence à se faire sentir pendant la journée. Et les saumons semblent avoir disparus de la baie.

Montagne granitique Nelly Juan Glacier

Rivière avec lit de granit Prairies sur Ile Knight

     Nous passons plusieurs jours dans la baie de Drier Bay sur l'île Knight. Nous apercevons deux jours de suite une maman ours et ses deux petits, et un autre jour un gros ours noir. Je suis contente de pouvoir les observer depuis le bateau. Le 21 septembre, les sommets ( 800 m environ ) des montagnes entourant le mouillage se couvrent de neige. Le pont du bateau est gelé. C'est le signe pour nous de rallier Cordova et de prendre nos quartiers d'hiver.

Loutre de mer  

     Cordova : Patago 50 est à la place que lui a attribué le maître du port : H38. Sur le même ponton, il y a deux autres voiliers habités, américains. Plus tard, le voilier finlandais s'installe. Nous préparons notre voilier pour l'hiver : les voiles sont séchées, affalées, pliées puis rangées dans le peak avant, l'annexe gonflable et son moteur sont rincés et remisés à l'avant aussi. L'annexe rigide reste sur le pont avant bien amarrée. Tous les cordages non utilisés sont remisés. Je débarrasse tous les coffres sous les planchers des conserves et bocaux de verre qui y étaient entreposés. L'humidité de l'air dans le bateau va condenser au contact de la coque froide et formera des gouttelettes d'eau. Ces gouttelettes vont se regrouper et s'écouler vers les points les plus bas du bateau : les fonds ; il ne restera plus qu'à vider régulièrement l'eau accumulée.

     L'hiver à Cordova est parait-il moins froid et moins enneigé qu'à Valdez. La suite nous le dira. Nous sommes prêts. Suivez notre hivernage avec la page : Cordova-Village.